Je vais être honnête: Prague et moi, ça ne s’est pas fait du premier coup. J’ai essayé d’y aller trois ou quatre fois, toujours avec cette petite étincelle d’envie, mais à chaque tentative, quelqu’un dans mon entourage trouvait une bonne raison de dire non. Et souvent, la raison sonnait comme un refrain : « Ah non, Prague… j’ai entendu dire que c’est une ville raciste». Alors j’ai suivi le mouvement. J’ai rangé ce voyage dans le dossier “à voir un jour, peut-être… ou jamais”. Et la vie a continué entre mes projets, mes enfants, mes escapades au soleil. L’année dernière encore, quand j’ai voulu lancer mon concept de voyages avec l’inconnu, Prague figurait sur ma short-list. Mais la première personne à qui j’ai présenté l’idée a décliné pour la même raison.

Résultat : Prague est restée sur la touche, encore une fois.

Puis, j’ai eu 40 ans. Et à cet âge, tu sais quoi ? J’ai décidé d’arrêter de me priver de ce qui me fait envie à cause des peurs des autres : celle ci était devenait en plus la mienne. J’ai commencé mes voyages en solo, d’abord dans des destinations “douces” l’Espagne, l’Italie pour apprivoiser cette liberté nouvelle. Mais il me fallait un cap symbolique. Un pays que je ne connaissais pas. Un endroit que j’avais longtemps évité, sans même lui donner une chance. Et c’est comme ça que, ce 5 octobre, j’ai atterri à Prague. Avec ma valise, mon trépied, et un mélange d’excitation, de curiosité et d’appréhension. Un peu comme si j’allais à un rendez-vous avec quelqu’un que j’avais ghosté plusieurs fois, et qui avait fini par me dire : « Bon, tu viens ou pas ? ». Et comme dans les histoires d’amour… on finit souvent par tomber amoureux de la personne qu’on a ghostée, tu sais ?

Les transports : fluides, clairs et économiques

Mon vol EasyJet au départ de Nantes 75 € aller-retour réservé six mois à l’avance (team anticipation bonjour) a atterri à l’aéroport Václav Havel vers 15 h 30. Première bonne surprise : tout est fluide, bien organisé, et pensé pour les voyageurs. J’ai acheté mon pass 72 h directement aux distributeurs juste avant la sortie. Paiement par carte possible, pour 330 CZK (environ 13,40 €). Ce pass couvre tous les transports : métro, tram, bus, funiculaire compris. À noter : il faut l’acheter à l’aéroport, car il n’y a pas de distributeurs sur les quais. Ensuite, direction le bus 59 jusqu’à Nádraží Veleslavín, puis 7 minutes de marche jusqu’à mon hôtel. Tout est simple, bien indiqué, et les annonces sont bilingues tchèque-anglais.

Prague, c’est un réseau exemplaire : 3 lignes de métro, 26 lignes de tram, plus de 130 lignes de bus. Tout ça, avec des horaires fiables et une ponctualité bluffante. Les bus et trams affichent les prochains arrêts, et même sans parler tchèque, on s’y retrouve facilement. Avec le pass 3 jours, tu montes et descends à volonté le rêve.

Mon logement : calme et pratique

Voyager seule, c’est une aventure en soi. Voyager seule dans un pays sur lequel tu as des a priori, c’est un double niveau de vigilance. J’ai passé des heures sur Booking avant de me décider. Mon choix s’est porté sur l’hôtel Krystal, à l’ouest de la ville. Un grand bâtiment de 15 étages, parfait pour ce que je recherchais : tranquillité et sécurité, petit-déjeuner copieux inclus et tarif raisonnable : 180 € pour 3 nuits. Il est accessible directement depuis l’aéroport en 25 minutes (bus 59) 20 minutes du centre en tram (lignes 20/26) ou métro A : un bon compromis pour une femme solo, assez éloigné du centre pour être au calme, mais assez proche pour tout rejoindre facilement.

Jour 1 : Premiers pas & Prague by night

Une fois installée, direction le cœur historique. Je descends à Můstek, en plein centre, et je me laisse porter. Je commence par flâner dans les magasins de souvenirs avant de tomber sur les fameux Trdelník : des cornets torsadés de pâte sucrée, cuits à la flamme, saupoudrés de sucre et de cannelle. parfois garnis de glace ou de Nutella. Je les avais découverts à Gibraltar, et j’avais adoré. Autant dire que j’ai craqué sans résistance. Puis, je découvre la place de la Vieille Ville, dominée par son horloge astronomique, chef-d’œuvre médiéval, elle date de 1410 et reste la plus ancienne horloge encore en fonctionnement. Chaque heure, un petit spectacle mécanique attire les foules un passage obligé. Ensuite, je rejoins le Pont Charles. De nuit, il est féerique. Les statues semblent veiller sur les passants, les musiciens jouent, la Vltava scintille. C’est vivant, romantique, presque théâtral.

Et puis cette pensée m’a traversée : pendant des années, j’ai gardé l’idée que Prague n’était “pas accueillante”. Ce soir-là, j’ai observé les gens comme un agent infiltré. J’étais la seule femme noire dans le bus, le tram, le métro… mais personne ne m’a fixée, personne ne m’a fait sentir différente.Juste des gens, dans leur vie. Finalement, la peur que je portais n’était pas la leur. Prague de nuit m’a conquise, ses lumières, ses façades, son ambiance à la fois romantique et électrique…Et surtout cette impression d’avoir brisé un vieux mur intérieur.

Jour 2 : Prague royale et culturelle

Petit-déjeuner tranquille à l’hôtel, puis direction le centre. Je commence par longer le Pont Charles de jour. Plus brut, plus vivant, et tout aussi fascinant. Je continue vers l’île Kampa, petit havre de nature au cœur de la ville, où trônent trois statues nues de l’artiste David Černý, étrange et drôle à la fois. Puis, cap sur Malá Strana, quartier baroque aux façades colorées et aux boutiques artisanales. Je visite l’église Saint-Nicolas : entrée 150 CZK (6 €). L’intérieur est une explosion de dorures et de fresques. On peut grimper dans la tour pour une exposition paisible.

Ensuite, le Château de Prague, gigantesque complexe qui domine la ville. L’accès aux cours est gratuit, mais le circuit B (250 CZK, soit 10 €) permet d’entrer dans la cathédrale Saint-Guy, la Basilique Saint-Georges et l’ancien Palais royal. j’ai aussi eu le temps de voir la relève de la garde. En redescendant, la Rue Nerudova séduit par ses enseignes d’époque et ses cafés pleins de charme. Je termine par les Jardins du Palais Wallenstein, paisibles et peu fréquentés, où des paons se promènent librement.

Puis direction le centre commercial Quadrio, avant d’admirer la Tête rotative de Kafka. Dernier arrêt : la Maison Dansante, chef-d’œuvre d’architecture moderne imaginé par Frank Gehry, inspiré de Fred Astaire et Ginger Rogers. Elle se dresse élégamment au bord de la Vltava, surtout belle de nuit.

Jour 3 : Panoramas & ambiance locale

Je commence par le quartier juif (Josefov) : Un lieu chargé d’histoire, mêlant synagogues, ruelles préservées et le cimetière juif. Je poursuis vers le Mur John Lennon, symbole de liberté et de paix, couvert de graffitis colorés. Juste à côté, un petit café parfait pour goûter les Chlebíčky, les fameux sandwichs tchèques : du pain garni de salade, jambon, œuf et cornichon. Un délice simple et local.

Je voulais prendre le funiculaire de Petřín (inclus dans le pass), mais il est en travaux jusqu’à fin 2026. Je l’ai donc remplacé par la visite extérieure du monastère de Strahov, qui offre une vue superbe sur Prague. Les plus courageux peuvent poursuivre à pied jusqu’à la tour d’observation, mais moi, j’ai savouré la vue sans m’épuiser. Ensuite, je rejoins le Letná Park, grand espace vert sur les hauteurs, connu pour son Métronome géant et sa vue spectaculaire sur les ponts : c’est un spot parfait pour les photos et ce sont les plus belles vues que j’ai faite. Je termine par la place Venceslas, en pleine rénovation (travaux de modernisation prévus jusqu’à 2026). Beaucoup de zones sont barrées, mais l’avenue reste animée, bordée de magasins, cafés et restaurants.

Je termine cette magnifique journée et mon séjour à Prague par une visite guidée à la Bibliothèque du Clementinum, un lieu hors du temps. En entrant, on a l’impression de pénétrer dans un sanctuaire dédié au savoir. Les plafonds baroques peints, les rayonnages de bois sombre remplis d’ouvrages anciens, l’odeur du papier et du vernis. C’est l’un de ces endroits où l’on se sent minuscule face à l’histoire mais étrangement apaisé. Pour clôturer mon séjour, je m’offre ensuite un dernier dîner dans un restaurant typique tchèque. La chaleur de la salle, les conversations en tchèque et l’ambiance conviviale rendent ce moment particulièrement agréable.

Entre la beauté studieuse du Clementinum et la convivialité de la table, c’est une manière parfaite de dire au revoir à Prague, une ville qui allie poésie, histoire et charme à chaque coin de rue.

Conseils pratiques et impressions finales

Prague est une ville propre, fluide et respectueuse. Les gens cèdent leur place dans les transports, aucune incivilité à signaler. Les prix sont inférieurs à ceux de la France, que ce soit pour manger ou visiter. Prévois toutefois des pièces pour les toilettes (souvent 20 CZK).

• Loge au centre si tu veux de l’animation et que ton budget le permet.

• Si tu veux faire des ascensions ou panoramas, lève-toi tôt : même en octobre, il y a du monde, beaucoup de monde ce n’était pas visible dans mes stories mais c’est bondé surtout autour du pont.

• Chaussures antidérapantes recommandées : les pavés peuvent glisser sous la pluie.

• Refuse les frais de conversion aux distributeurs : j’ai retiré 130 € et j’ai été débitée du montant exact, sans surcoût.

Si c’était à refaire, j’ajouterais : le funiculaire et la place Venceslas (après travaux), une croisière d’une heure sur la Vltava et un concert classique, j’ai aperçu une salle avant le début d’un spectacle, le décor m’a fascinée. Je n’aime pas repartir deux fois au même endroit (sauf à porto)… Mais Prague, elle, a laissé une trace, une vraie, un mélange de beauté, d’ordre, de douceur et de surprises.

Je reviendrai mais Quand ? Avec qui ? L’avenir me le dira, Na shledanou, Prague au revoir, et à très bientôt.

Xoxo 💋