Il y a des phrases toutes faites qu’on répète comme des proverbes. Elles sonnent comme de la sagesse populaire, du bon sens ancien, du savoir transmis. Mais certaines mériteraient qu’on les secoue, Vraiment.

Parmi elles, cette fameuse : « Le linge sale se lave en famille. »

Présentée comme une incitation à la pudeur, au respect de l’intimité, à la discrétion dans les conflits. Mais entre nous… est-ce que c’est toujours une bonne idée ? Est-ce que ça protège vraiment ? Est-ce que ça répare ? Ou est-ce que parfois, ça sert surtout à étouffer ? Derrière les huit-clos, il y a souvent des choses pas nettes. Ce que cette phrase évoque pour moi, des histoires de famille pas cool, qui se disputent pour un héritage ou un différend de principe ou encore des violences silencieuses. Des secrets qu’on garde pour « ne pas faire de vagues », des agressions sexuelles tues pour protéger l’image d’un nom, des victimes réduites au silence au nom de l’unité familiale.

Quand j’entends cette expression, je pense à ces récits terrifiants comme ceux racontés par Christophe Hondelatte où tout se passe en famille, dans le secret, dans le non-dit, dans la peur. Et où, parce qu’on a « lavé le linge sale en famille », le coupable a pu recommencer encore et encore.

Cette idée du « linge sale qui se lave en famille » peut être une manière élégante de dire « tais-toi ».

De maintenir les apparences, de préserver une façade au détriment de la vérité, qui a besoin de se “catcher” en huis clos devrait peut-être se remettre en question. Si une discussion est impossible sans que ça explose, ce n’est pas une preuve de lien fort, mais souvent une alerte. Si chaque conflit doit rester dans un cercle restreint, c’est peut-être que ce cercle n’est pas si sain.

Je ne crois pas au besoin d’étaler sa vie, mais je crois encore moins à celui de s’enfermer dans des non-dits.

Chacun est responsable de son propre linge. Et si chacun s’assurait que ce qu’il porte est propre, peut-être qu’on n’aurait même pas besoin de laver quoi que ce soit en commun. Les conflits ne sont pas sales par essence. Ce qui les rend toxiques, c’est la manière dont on les étouffe, pas celle dont on les exprime: ce qui se dit, se libère

J’ai toujours pensé que parler, c’est une manière de reprendre le pouvoir

De mettre de la lumière là où l’ombre a trop longtemps régné. Ce n’est pas « laver son linge sale en public ». C’est refuser d’être complice du silence. C’est sortir de la honte. C’est rompre le cycle. Si certaines personnes ont besoin d’un extérieur, d’un regard tiers, d’un espace protégé pour dire ce qu’elles ont vécu : c’est légitime. C’est même vital. Alors non, je ne crois pas qu’il faille tout régler « en famille ». Parce que parfois, la famille est le problème.

Et ce n’est pas en fermant la porte à double tour qu’on soigne les blessures

C’est en osant nommer. En osant dire. En osant mettre au jour. Ma version ? Que chacun nettoie ce qui lui appartient. Je crois à la responsabilité individuelle. À l’idée que chacun est responsable de l’état de ses paroles, de ses actes, de ses relations. Et que si chacun faisait sa part, on aurait moins besoin de laver quoi que ce soit, où que ce soit. Le linge sale n’a pas besoin d’un huis clos. Il a besoin de clarté. Et parfois, ça passe par une mise en lumière, même inconfortable.

Et toi, tu en penses quoi ? Tu trouves que certaines choses doivent rester strictement privées ? Ou tu ressens, toi aussi, que cette phrase peut servir d’écran à ce qui ne devrait jamais être protégé par le silence ?

Je te lis, comme toujours, sans jugement. Juste entre nous.

Xoxo 💋